Le troupeau Charmoise du monastère

Depuis les temps les plus anciens, l’élevage de sélection. a été une tradition monastique.

Au début des années 2000, le Monastère de la Transfiguration souhaite implanter sur son domaine un troupeau de brebis viande afin de valoriser ses surfaces herbagères. La réputation de sobriété, de conformation et de qualités d’élevage de La Charmoise (agnelage facile, désaisonnement) I’inclinent tout naturellement vers cette race.

A l’origine, si l’on excepte les agnelles de renouvellement et quelques bonnes femelles vendues ponctuellement alentour comme reproductrices, c’est presque exclusivement vers la production de viande que le troupeau est orienté. Ses agneaux, finis à l’herbe sont dirigés vers l’abattoir de Lubersac, découpés et conditionnés en caissettes, puis vendus directement à une fidèle clientèle qui assure rapidement l’auto- suffisance.

En 2004, au Concours général agricole de Paris, le Monastère remarque les animaux de M. Chastang, dont l’élevage, basé à Brive en Corrèze, se situe dans son voisinage. Il lui rend visite. Ce sera le début d’une féconde collaboration, qui dure encore, et va donner à son troupeau une nouvelle orientation.

M. Chastang encourage le Monastère à se tourner vers la sélection, et consent à lui céder une troupe afin de constituer une souche- base. Ce sera dans un premier temps 35 bonnes brebis d’âge, dont plus de la moitié sont qualifiées « mères à béliers ». Plusieurs ont déjà essaimé dans la base de sélection, notamment chez Mme Ceron en Corrèze et Mme de Boisgrollier en Maine- et- Loire. Quelques- unes même ont fait partie du lot de concours.

Cet arrivage est complété en 2006 par une quarantaine d’agnelles de même provenance, soigneusement choisies afin de constituer un lot homogène. On compte parmi elles des issues d’insémination, que cet élevage pratique largement avec succès, et des filles de deux excellents béliers aux aptitudes complémentaires : le 1091 DR, né chez Mme Demiot dans l’Indre, remarquable sur le plan de la valeur laitière et du développement musculaire, et le 5476 CL, provenant du célèbre élevage Delmez, également dans l’Indre, qui apporte quant à lui beaucoup de longueurs et d’espèce.

Pour ce jeune troupeau ont été choisis des béliers provenant de vieux élevages, et de souches fixées : 3023 LM né chez M. Larenaudie et traçant sur des lignées basses de l’élevage Laburthe, dans le Midi pyrénéen; 4034 et 4041 PS chez M. Pradier dans le Puy- de- Dôme, animaux rustiques remarquables en particulier par le degré de leur type racial; 4381 CL chez Mme Delrnez, 5073 RL chez M. Roux en Creuse, et plus récemment le prometteur 8001 MT, né chez M. du Chalard dans la Vienne, et dont l’origine maternelle procède encore des brebis achetées jadis par M. Gaspard de Taveau, l’arrière- grand- oncle de son naisseur, aux héritiers d’Edouard Malingié.

A cet effectif est venu s’ajouter le 7046 RL, qui fait retour à la base après un passage au centre d’insémination artificielle, par lequel il est également diffusé. Après avoir été en son temps le meilleur de sa série en station raciale, ce bélier de grand développement, qui affiche un index valeur laitière de +20, a été classé 3° des mâles adultes au dernier Concours général.

On a pu entrevoir les premiers effets de cette politique avec les résultats de la série 08/01 mise en vente en avril 2008 à la station de Montmorillon: sur les 3 jeunes béliers nés au Monastère, tous favorablement évalués et qualifiés « recommandé mixte », 2 ont trouvé preneurs parmi les élevages de race pure, en Haute-Vienne et dans le Gers, dont un en base de sélection. A noter que ces deux animaux étaient les fruits d’un premier port.

De même, lors du dernier Concours général agricole de Paris, avec les 1° et 2° prix viande et 1° et 3°prix laine remportés par le Monastère pour sa première participation, dans la catégorie des femelles adultes, avec deux lots de filles du 5476 CL toutes suitées du 4034 PS..

Aujourd’hui, le troupeau du monastère consiste en une centaine de reproductrices inscrites engagées dans ce schéma racial, dont environ 70 ont déjà eu au moins un produit contrôlé. Parmi celles-ci, on compte 45 brebis qualifiées « mères à béliers » ou « mères à agnelles », soit 70% de l’effectif.

Son mode de conduite fait la part belle, autant que faire se peut, au désaisonnement, avec un premier lot d’agnelages dès septembre. Un second lot lui succède dans la deuxième quinzaine de janvier, puis enfin un troisième en mars-avril, qui comporte ordinairement les agnelles en première mise-bas, ainsi que les brebis désaisonnées remises en lutte sur le lait de manière à obtenir 3 agnelages en 2 ans.

Cette pratique, pour laquelle La Charmoise montre des dispositions toutes particulières, permet d’optimiser la productivité dans le temps. De la sorte, le nombre moyen d’agneaux valorisés par campagne se rapproche de celui de races plus prolifiques, mais à moindres frais, et en offrant l’avantage de diviser le risque.

En termes de sélection, le Monastère a recours aux principes les plus traditionnels : les croisements sont raisonnés et étudiés au cas par cas, suivant les corrections morphologiques à apporter et les adéquations constatées entre telle et telle lignée. L’orientation générale est souhaitée davantage vers un large ensemble homogène que vers un petit nombre d’exceptions. L’insémination artificielle est utilisée, et bienvenue.

A partir de 4 à 5 mois, le Monastère propose à la vente ses jeunes reproducteurs. Les meilleurs mâles seront évalués à la station de Montmorillon. Pour tous, l’ascendance est tracée au livre généalogique sur déclaration préliminaire de lutte, puis de naissance. Ils ont également fait l’objet d’un contrôle de croissance pour mesurer leurs performances pondérales entre 0 et 30 jours, puis entre 30 et 70 jours.

Sur le plan sanitaire, le statut du troupeau, officiellement indemne de brucellose avec prophylaxie annuelle, certifié indemne de visna maëdi, vacciné F.C.O. et adhérent au contrôle sanitaire officiel tremblante avec génotypage de la plupart des animaux diffusés, assure la garantie d’une introduction sans risque.

Suivant leur âge, leur niveau de qualité ou de références, le prix de base hors taxes des mâles hors station est de 305 euros pour les agneaux de 6 mois, majorés de 15 euros de vieillissement par mois à partir de ce stade. Le prix des jeunes agnelles est de 130 euros. Les mâles évalués en station raciale seront mis en vente aux enchères avec leur série.