Très chers amis et fidèles,
Mes bien-aimés frères en Christ,

Christ est ressuscité !

En ce jeudi Radieux et fête du saint mégalomartyr Georges le Tropéophore, je vous livre un autre hymne de saint Romanos.

Ne soyez pas trop vite critiques au sujet de sa poésie (laquelle ne peut d’ailleurs pas être rendue en vers, les règles de versifications ne sont pas les mêmes en grec qu’en français. Mais ces poèmes sont comme une scénographie des événements qu’il décrit. Dans la tragédie antique, grecque, sur la scène, pendant que les acteurs mimaient ce qui se passaient, deux chœurs exprimaient les sentiments qui devaient être ceux des protagonistes de la tragédie : leurs états d’âme, leurs cas de conscience, leurs hésitations, leurs joies ou leurs désespoirs, les dilemmes qui les torturaient, etc. Saint Romanos met ainsi en scène, et fait parler les saintes femmes et les apôtres, il personnifie les Enfers et la Mort auxquels il attribue des sentiments et des dialogues. Ce n’est pas de l’imagination, ce n’est pas un jeu infantile : c’est pour faire passer toute une théologie, une compréhension du mystère qui s’accomplit sous nos yeux un peu aveuglés. Ces hymnes sont à la littérature, ce que les icones sont à la peinture : des fenêtres ouvertes sur L’Autre monde, sur le Mystère de notre relation avec Dieu et de notre destinée. Cette poésie-théologique ne nous montre pas le Mystère, elle nous y introduit ! Ce sont de tels hymnes qui constituent les Odes que nous chantons au cours de l’Orthros chaque jour ; ils sont une manducation des saintes Ecritures, à l’instar des Psaumes vétéro-testamentaires, auxquels d’ailleurs ils font pendant durant ces Offices. Ils ont forgé des générations de « contemplatifs » et suscité moult conversions intérieurs ; ils sont la communication d’un patrimoine spirituel qui nous dépasse, mais qui constitue l’expérience spirituelle des membres de l’Église, les fruits de l’Esprit-Saint assimilé par des hommes de Dieu, des « Théologiens », dans hommes qui ont « vu »Dieu et nous transmettent leur expérience !

Père Elie